2. Attaquer les cibles

Pour attaquer les cibles que l’on a repérées sur l’échiquier, on procède généralement en mettant une pièce (ou un pion) en état de se rendre sur la ou les cases ciblées. Il y a pour cela plusieurs manières de procéder :

  1. Une première consiste à placer une pièce sur une case d’où elle peut atteindre la cible.
  2. Une seconde implique qu’une attaque soit déjà en place (une pièce menace une cible), sans être effective parce que le mouvement achevant l’attaque est empêché par une pièce du même camp que l’attaquant, comme dans l’exemple du diagramme suivant :

Exemple 2.1 : attaques à la découverte

La Tf4 blanche est en position d’attaquer la Dame noire, mais le pion e4 y fait obstacle. De même, la Te1 est en position d’attaquer la Te8. Ainsi les Blancs au trait vont-ils jouer 1. e5 qui rend effective l’attaque de la Dame noire et menace en même temps e×f6+, attaquant le Roi et la Te8 « à la découverte ».

Que l’on place une pièce en position d’attaque ou que l’on « découvre » une attaque déjà en place, cela nécessite un coup à jouer et implique donc – sauf exception dans le cas d’un roque – le déplacement d’une seule pièce, après quoi une cible se trouvera attaquée.

Il est possible à une seule pièce d’attaquer des cibles multiples dès lors qu’elles sont postées sur des cases qui lui sont accessibles. On parlera alors d’attaque multiple : attaque double, attaque triple etc. Par exemple, dans la situation suivante, la Dame noire attaque trois cibles :

Exemple 2.2 : attaque multiple

Une autre possibilité est d’attaquer des cibles sur deux fronts (ou sur trois fronts etc.) ce qui ne doit pas être confondue avec l’attaque double. L’attaque double implique un seul attaquant pour deux cibles tandis que l’attaque sur deux fronts nécessite deux attaquants perpétrant une attaque chacun.

Comment est-il possible d’attaquer des cibles avec deux pièces quand nous ne pouvons jouer qu’un seul coup à la fois ? Une méthode consiste à utiliser une structure très particulière connue sous le nom d’attaque à la découverte.

Cette dernière permet notamment d’attaquer deux fois la même cible lors du déplacement d’une seule pièce, mais permet aussi, en un seul coup, d’attaquer des cibles différentes avec deux pièces différentes !

Exemple 2.3 : attaquer des cibles

Prenons un exemple (ci-contre). Les Noirs offrent quatre cibles : le Roi, la Dame, la Tour et le Fou. Voici comment les blancs vont exploiter certaines d’entre elles : 1. Dc3.

Ce coup attaque la Tour. Mais notons, fait déterminant pour la suite, que la Dame se met également en position d’attaquer le Roi « à travers » le Cavalier et permet de mettre en place cette fameuse structure particulière qui va permettre une attaque à la découverte. Voyons la suite :

Exemple 2.4 : échec double à la découverte

1. …   Td8, 2. Cb6+ (diagramme ci-contre)

Nous voyons ici opérer le mécanisme de l’attaque à la découverte : la pièce « qui découvre » l’attaque, le Cavalier, peut de son côté attaquer une ou plusieurs cibles, tandis que la pièce « découverte », la Dame blanche, attaque aussi une cible, en l’occurrence le Roi noir.

Le coup de Cavalier est quant à lui une attaque double, sur le Roi et sur la Dame noirs. Par ailleurs, les Noirs ne peuvent prendre le Cavalier car, en même temps, le Roi noir est en échec par la Dame dont l’attaque, encore « virtuelle » il y a peu, s’est finalement « découverte » avec le mouvement du Cavalier.

Fait remarquable, l’attaque sur deux fronts du Roi par le Cb6 et la Dc3, appelé échec double (à la découverte), n’autorise ni de prendre l’attaquant – il y en a deux ! – ni d’interposer une pièce – il y a deux attaques ! La seule possibilité est la fuite : 2. … Rb8, 3. C×a4 qui gagne la Dame.

Examinons maintenant le coup apparemment moins risqué : 2. Cb2+, qui semble avoir l’avantage de ne pas placer le Cavalier en prise (diagramme ci-dessous).

Exemple 2.5 : attaque sur deux fronts

Ce coup est un autre exemple d’attaque sur deux fronts, donc de deux cibles par deux pièces : attaque de la Dame noire par le Cb2 et celle, « découverte », du Roi noir par la Dc3. Ce type d’attaque est souvent redoutable, mais ici, il existe pourtant une parade :

2. …   Dc6, qui sauve la Dame noire et pare simultanément l’échec au Roi.

Cet exemple est riche en rebondissements et possibilités et le lecteur pourrait s’inquiéter d’être en mesure de trouver lui-même la bonne combinaison permettant le gain. Aussi devons-nous ici insister sur le fait que seule la pratique permettra une bonne maîtrise. Toutefois, sans une compréhension des principes de base, la pratique est aveugle. Voilà pourquoi il importe avant tout de connaître les outils avec lesquels construire son jeu.

Exemple 2.6 : une attaque singulière

Nous mentionnions plus haut qu’un coup aux échecs impliquait le déplacement d’une seule pièce, exception faite d’un petit ou grand roque. L’exemple ci-contre montre comment exploiter cette singularité pour perpétrer une attaque double gagnante.
Que répondent les Blanc à la prise : 1. … Txb2 ?

Les Noirs ont cru pertinent de prendre le pion b2. Malheureusement pour eux, le grand roque de leur adversaire place la Tour en position de donner échec en d1 et simultanément le Roi en position d’attaquer la Tb2 en c1 : un exemple rare et original d’attaque sur deux fronts !

Le point sur l’analyse fractale

Une fois posée l’idée de repérer les cibles vient tout naturellement la question de la méthode pour parvenir à les exploiter : c’est le second aspect de l’analyse tactique, qui met l’accent sur les pièces susceptibles d’attaquer les cibles et la façon dont elles peuvent mener cette attaque.

Ainsi, cible et attaquant apparaissent comme des éléments complémentaires de l’analyse tactique.

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