1. L’important, c’est la cible

Les cibles aux échecs revêtent une importance capitales pour l’analyse tactique correcte d’une position. Prenons une image…

Vous souhaitez sortir rapidement du salon d’une maison dans lequel s’est déclaré un incendie. Or même au comble de la panique, il ne vous viendrait pas à l’esprit de vous jeter contre un mur au hasard ou selon votre humeur ! Ainsi, d’un coup d’œil, vous repérez les deux portes ainsi que la fenêtre donnant sur la rue et en fonction de vos connaissances de la topographie des lieux ou en essayant l’une après l’autre, vous choisissez l’une de ces trois possibilités.

C’est exactement la même chose quand vous jouez aux échecs : si vous voulez que votre jeu ait quelque force, il vous faut repérer les cases qui peuvent être attaquées avec profit. Vous commencez donc par repérer différentes cibles dans le jeu de votre adversaire et c’est ce qui vous permet de choisir parmi un petit nombre de coups lequel vous apportera un avantage.

Prenons l’exemple du diagramme suivant et imaginons quelle pourrait-être la réflexion d’un joueur débutant qui conduit les blancs (cliquer sur les coups pour déplacer les pièces) :

Exemple 1.1 : analyse empirique

« Tiens, si j’avance le pion e5, j’attaque le fou en d7 (Fd7). Si les Noirs prennent alors mon pion avec le fou ou reculent le fou en c8, je peux prendre le cavalier en c6 (Cc6). Tandis que s’ils reculent le fou en e8, je peux toujours prendre le pion f7 en donnant échec. Ah oui, mais si le pion f7 prend mon pion, je ne vois pas trop ce que je pourrais faire… Essayons autre chose (diagramme). Si je mets la tour en e1 (Te1), j’attaque le Ce4 noir. Soit il s’en va, probablement en g5, soit les Noirs tentent de le protéger en jouant f5 ou Ff5, mais sur ce dernier coup, le Cc6 se retrouve sans défense. Tiens, s’ils défendent par f5, je peux peut-être essayer à nouveau de jouer mon pion en e6. Ou alors prendre en passant le pion en f6 : ça attaquerait le Fe7 et en même temps le Ce4 serait toujours attaqué par la Tour ! Oui, mais le Ce4 peut fuir en reprenant en f6 et ça ne donne rien de bon… »

Une approche par tâtonnement

Peut-être avez-vous expérimenté cet enchaînement de dilemmes ? Ou alors avez-vous connu ce découragement devant toutes les possibilités à explorer dans une position d’échec, sans savoir par quel bout commencer ni comment déterminer laquelle des options examinées est la meilleure continuation ? Nombre de débutants en prennent ombrage et par conséquent, certains se détournent du jeu, ou le relègue comme une « prise de tête ».

Ainsi, dans la vie, l’important est souvent de connaître les priorités. Et de même, les cibles aux échecs font partie de ces priorités pour déterminer les coups à jouer.

De fait, notre analyse de la situation se doit de prendre en compte les points faibles de l’adversaire – les cibles aux échecs, seuls véritables objectifs susceptibles de nous procurer un avantage – qui vont nous aider à structurer notre réflexion et lui donner un élan.

Une analyse basée sur les cibles

Reprenons l’exemple du diagramme précédent : quelles sont ces faiblesses, ces cibles ?

Bien sûr, il y a, a priori, le Roi noir. Mais ici, quelle pièce blanche pourrait prétendre ne serait-ce que l’approcher ? Même conclusion pour la Dame noire. On pourrait éventuellement chasser le Fd7 pour l’attaquer avec la Dd1, mais elle resterait bien défendue par au moins l’une des deux Tours noires, le Cf6 ou le Fd7…

Bien que les Tours noires ne soient pas directement accessibles aux pièces blanches, il n’est pas exclu de pouvoir attaquer indirectement la Ta8 par le Fa4 via la case c6.

Par ailleurs, le Fe7 n’est pas non plus accessible à une attaque blanche.

De plus, les pions noirs étant protégés et / ou inaccessibles, il ne nous reste donc que trois postulants à une attaque directe : le Ce4, le Fd7 et le Cc6.

Le Ce4 n’est pas protégé du tout : une attaque imposerait aux Noirs une réaction. Mais il en est de même du Cc6 et du Fd7 qui sont déjà attaqués et défendus : le Cc6 est attaqué par le Fa4 et défendu par le Fd7 tandis que le Fd7 est attaqué par la Dd1 et défendu par la Dd8. Autrement dit, une attaque supplémentaire sur l’un des deux obligerait également les Noirs à réagir.

Une tactique efficace

Alors, n’est-il pas possible d’attaquer simultanément plusieurs de ces cibles pour que l’adversaire ne soit pas en mesure de les défendre toutes en même temps ?
Voilà donc une botte secrète que le joueur d’échecs ne manque pas d’utiliser dès qu’il en a l’occasion !

Avez-vous trouvé ?

Réponse : le coup qui remplit l’objectif fixé est l’attaque double Dd5, attaquant une seconde fois le Cc6 et une fois le Ce4. Et comme les Noirs ne peuvent défendre les deux, l’un des cavaliers est donc perdu. Par exemple :

Simple, non ?

Notons toutefois au passage qu’avec d’autres coups, l’avantage blanc ne serait pas aussi marqué ; par exemple :

F×c6  entraîne  F×c6, ou :

e6 et  f×e6, ou :

Td1 et il suit  Cg5, etc.

Le point sur l’analyse fractale

La maîtrise du jeu d’échecs nécessite de savoir placer ses pièces sur les cases adéquates. ainsi, quoi de plus naturel que d’apprendre à reconnaître les cases qui seront favorables ? Ainsi, au lieu d’œuvrer contre les forces en présence, le joueur utilise ces forces pour donner de l’allant à son jeu.

C’est pourquoi l’identification des cibles est l’un des éléments fondamentaux de toute analyse tactique efficace.

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