8. Doubles parades

De quelle parade à une attaque double dispose le défenseur ?

Une fois repérées les différentes cibles dans la position de l’adversaire – ainsi que dans la nôtre, nous pouvons rechercher comment tenter d’en tirer un avantage ou, dans le cas de nos cibles, éviter que l’adversaire n’en profite.

L’une des façons les plus directes de profiter des cibles est d’envisager une attaque multiple. Nous avons déjà rencontré plusieurs exemples d’attaques multiples : en général, cela conduit rapidement au gain. En voici un autre.

Exemple 8.1 : parades à la double attaque

Dans la position ci-contre, l’attaque double en b8 de la Dame noire sur le Fou et le Roi blancs gagne une pièce. Notons toutefois une autre possibilité avec le coup 1. Dd3 réalisant une attaque triple sur la Tour, le Fou et le Cavalier blancs ! Pourtant, cette attaque triple échoue ; voyez-vous pourquoi ?

Cette attaque triple échoue à cause de la remarquable parade 1. … Cc3 !  Que s’est-il passé ? Le Cavalier se soustrait à l’attaque de la Dame en venant se placer sous la protection du pion b2 (fuite). Mais simultanément, il protège le Fou (interposition) et la Tour (défense). Cet exemple nous aide à envisager les trois possibilités de parade d’une attaque double, soit une action sur :

  1. l’attaquant : prendre / dévier / clouer
  2. le mouvement : gagner du temps / interposer
  3. les cibles :
    • Défendre une cible au besoin en parant l’attaque sur l’autre
    • Fuir avec une cible au besoin en parant l’attaque sur l’autre
Parade à une attaque double : agir sur l’attaquant

La première possibilité se passe de commentaire puisque la parade agit sur l’unique attaquant, comme s’il s’agissait d’une attaque simple.

Parade à une attaque double : agir sur le mouvement

Dans l’action sur le mouvement, l’interposition seule ne suffit généralement pas quand l’attaque double se fait sur deux lignes distinctes qu’il n’est pas possible de « boucher » d’un coup : le cas échéant, l’interposition est utilisée conjointement à une autre parade, sur la cible qui n’en a pas bénéficié.
Par contre, nous retrouverons la possibilité d’une parade par la seule interposition dans certaines formes d’attaques doubles indirectes, comme l’attaque en enfilade, ou d’une manière générale quand les cibles sont alignée sur une même trajectoire d’attaque.

Parade à une attaque double : agir sur les cibles…

La troisième possibilité, sur les cibles, se décline en défense ou fuite.
Dans un cas, il faut pouvoir manœuvrer afin que la défense d’une des cibles puisse s’accompagner d’une parade sur l’autre : défense ou interposition.
Dans le cas de la défense, cela revient à défendre les deux cibles avec la même pièce, ce qui constitue en quelque sorte une double contre-attaque.
Quant à la fuite, elle vient d’être illustrée par l’exemple précédent, accompagnée de deux des parades possibles que sont l’interposition et la défense. Ainsi, l’une des deux pièces se soustrait à l’attaque multiple – fuite – tandis que son déplacement permet de parer l’attaque sur la ou les autres pièces ciblées.

… ou contre-attaquer

Notons enfin que la contre-attaque reste, comme toujours, une option particulièrement utile dans ce genre de situation, qu’elle soit ou non accompagnée d’une parade sur l’une des deux cibles visées comme nous allons le voir avec les exemples suivants.

Par ailleurs, la contre-attaque vue comme « fuite en avant » des cases attaquées s’avère une parade sur les cibles susceptible de neutraliser simultanément les deux attaques, pour peu que la compensation qu’elle apporte couvre les pertes occasionnées sur chacune des deux cibles…

Exemple 8.2 : attaque double et contre-attaque

Dans la position ci-contre, les Noirs jouent une attaque double indirecte avec le Roi : 1. Rb6.
Nous dirons que cette attaque est indirecte parce que dans un premier temps, le Fou n’est pas directement menacé par le Roi – puisque défendu par la Tour. Néanmoins, la Tour est elle aussi attaquée et la seule parade est sa fuite, qui va du coup exposer le Fou.

Pourtant, les Blancs ont une parade : en fuyant avec la Tour, ils réalisent simultanément une contre-attaque sur la Tour noire : 1. Ta8.

Maintenant, si le Roi noir prend le Fou, la Tour noire est perdue, tandis que si la Tour noire prend la Tour blanche, le Fou reprend en se soustrayant à l’attaque du Roi.

Exemple 8.3 : parade à une attaque double par gain de temps

Dans la position ci-contre, les Blancs sont victimes d’une fourchette du pion, le nom de l’attaque double d’un pion. Ils y échappent pourtant tout simplement par 1. Th4+ qui gagne un temps et met la Tour à l’abri (fuite), suivi de 2. C×c5 qui gagne une pièce en sus.
Notons encore que 1. Cf6+ pare également l’attaque double mais sans gagner le Cc5 des Noirs.

Exemple 8.4 : attaque double de clouage

Nous allons maintenant observer un autre exemple classique d’attaque double indirecte. On pourrait la schématiser de la façon suivante : une attaque sur une pièce qui, si elle devait fuir, laisserait une autre pièce en prise sur la même trajectoire d’attaque. Suivant l’importance relative des deux pièces-cibles, on parle d’attaque en enfilade, quand la pièce directement attaquée est de plus forte valeur que l’autre, et de clouage quand c’est l’inverse.

Dans la position ci-contre, le Fou noir constitue une cible simple tandis que les cases b8, c8, d8, e8 et f8 sont des cases-mat pour la Tour blanche. Comme le Fe3 et la case e8 sont sur une même colonne, les blancs ont pensé à une attaque double indirecte en jouant la Tour en e1. Le Fou peut pourtant se soustraire à l’attaque, mais il expose alors la case e8 à l’irruption de la Tour avec pour conséquence le mat du Roi noir. Autrement dit, le Fou est engagé à la protection de e8 par interposition et devra périr sur place pour sauver son Roi.

On parle ici de clouage du Fou noir sur la case e8 par la Tour blanche car l’importance de la case-mat e8 empêche concrètement le Fou de bouger. Ce clouage est toutefois « relatif » car le Fou n’est pas empêché de mouvement par les règles du jeu : il peut bouger, mais ne le fera pas ! Ce clouage est aussi « total » car le Fou n’a aucun mouvement à sa disposition lui permettant de continuer à s’interposer devant la case e8 – chose qui serait par exemple possible si c’était une Tour et non un Fou. Ici toute possibilité de parer l’attaque de la Tour blanche est finalement exclue (Si 1. … Fc5 alors 2. Te8+ Ff8 3. Txf8 mat).

Exemple 8.5 : parade à une attaque double de clouage

Imaginons maintenant le Fou en e4 au lieu de e3  ; plusieurs parades sont alors possibles :

  • Tb4 défend le Fou et, indirectement, la case e8
  • Fc6 qui fuit en défendant la case-mat e8
  • Fd5 : une double fuite ! Le Fou n’est plus attaqué et la case e8 n’est plus une case-mat (fuite de e8) car sur Te8+ les Noirs répondent par Fg8
  • Tb1 qui cloue l’attaquant
  • F×g2+ qui fuit en gagnant du temps et, en même temps, un pion

En fait, toutes les défenses connues sont applicables à la première pièce visée dans le clouage, sauf peut-être la fuite, à moins que celle-ci ne soit accompagnée d’une contre-attaque ou bien qu’elle se fasse en parant l’attaque sur l’autre cible.

Voyons maintenant un exemple d’enfilade.

Exemple 8.6 : parade à une attaque double en enfilade

Ici, les Blancs peuvent jouer 1. Da4+ pour ensuite gagner la Te8 (1. … b5 2. axb6 e.p.+ etc). Plaçons maintenant le Roi noir en d7 et deux possibilités de parades apparaissent :


1. … Rd8 sauve la situation par une fuite accompagnée de la défense de l’autre cible (la Te8) tandis que 1. … Dc6 obtient le résultat par une interposition.

Une dernière remarque : en plus des parades déjà listées, il est possible d’empêcher une attaque à la découverte en bloquant la pièce qui découvre, c’est à dire en lui interdisant l’accès à toutes les cases qu’elle est susceptible d’atteindre. Ce type de parade est toutefois plus facile quand il s’agit d’un pion.

Le point sur l’analyse fractale

Dans le cas d’une attaque double, nous retrouvons notre schéma de base attaquant-mouvement-cible avec pour point commun la pièce qui attaque.
Pour autant, c’est toujours sur les trois articulations de ce schéma que nous devons chercher des moyens de parade.

Or si la parade sur l’attaquant reste la même qu’avec une attaque simple, nous observons par contre que les parades sur le mouvement ou la cible doivent en général être effectuées en double pour être efficaces : c’est justement cette particularité qui rend les doubles attaques plus difficiles à parer…

On peut éventuellement parer l’attaque de la pièce A en l’éliminant. Sinon il faudra souvent agir sur le mouvement ou la cible des deux attaques. Par exemple, sur le mouvement pour l’une et sur la cible pour l’autre, etc.

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