5. Parer une attaque

Lorsqu’une pièce ou un pion sont attaqués, on peut évidemment envisager les mêmes parades que pour l’attaque sur le Roi (PIF). Mais compte-tenu du statut très particulier du souverain, le nombre de possibilités de parer l’échec est réduit. Aussi, allons-nous enrichir ces possibilités dès lors que la cible n’est pas le Roi et voir de quels moyens dispose le défenseur pour parer une attaque.

La loi fondamentale de la tactique aux échecs est qu’une attaque repose en fait sur trois éléments : l’attaquant, le mouvement permettant l’attaque et enfin la cible.

L’attaquant A a pour objectif d’atteindre la cible C en réalisant le mouvement m…

Lorsque l’on peut parer l’attaque, c’est nécessairement en agissant sur l’un ou l’autre de ces trois éléments.

1)   Parer une attaque en agissant sur l’attaquant.

Nous avons déjà vu que l’une des options pour parer une attaque était de prendre l’attaquant. En voici deux autres.

Exemple 5.1 : Clouer l’attaquant

Les Blancs pensent avoir trouvé un coup gagnant avec 1. Tg2 (diagramme ci-contre), attaquant la Dame noire. Ce qui fait la force apparente de ce coup, c’est qu’aucune des répliques examinées jusqu’ici ne fonctionne : la prise de la Tour Blanche par la Dame elle-même conduirait, après reprise par le Roi blanc, à un échange en faveur des blancs (une Dame contre une tour) ; l’interposition d’une pièce est exclue et toute tentative de fuite de la Dame exposerait le Roi noir à l’échec et est donc interdite par les règles du jeu : on parle de clouage de la Dame sur le Roi. Notons enfin que la Dame noire est déjà défendue par son Roi, mais que cette défense ne mène à rien puisque la reprise de la Tour blanche en g7 ne compense pas la perte de la Dame. Une ressource existe néanmoins pour les noirs.

Voyez-vous laquelle ?

C’est le coup 2. … Fc6 qui cloue la Tour blanche sur le Roi blanc, l’empêchant de concrétiser l’attaque sur la Dame noire et, cerise sur le gâteau, permet la prise de la Tour au prochain coup. Autrement dit, le clouage de la Tour sur le Roi a paré l’attaque en immobilisant l’attaquant, avant de l’éliminer !

Exemple 5.2 : dévier l’attaquant

C’est une façon de parer une attaque qui demande des circonstances particulières mais qui doit néanmoins être envisagée. Elle consiste à dévier l’attaquant de sa position agressive en l’obligeant à s’occuper d’un problème plus urgent. En voici un exemple.

Dans la position du diagramme, la Tour blanche ne peut être défendue, ni fuir car elle exposerait le Roi à l’échec : la Tour blanche est dite clouée sur le Roi blanc par la Dame noire. Les blancs peuvent toutefois dévier l’attaquant :

2)  Agir sur le mouvement

Nous avons vu qu’il était possible d’interposer une pièce afin d’interdire le mouvement qui réalise l’attaque. On parle dans ce cas d’une parade par interposition.

Mais un mouvement se fait à la fois dans l’espace et dans le temps. Voici donc une autre possibilité pour parer une attaque.

Exemple 5.3 : gagner du temps

En obligeant l’adversaire à jouer de façon plus urgente ailleurs, nous empêchons l’attaque. Cette façon de parer une attaque implique de très nombreuses possibilités que nous examinerons plus en détail dans le chapitre sur la contre-attaque. Voyons un exemple.

Le Fe7 des Noirs est attaqué. L’attaque est facilement parée de différentes façons (lesquelles ?) mais l’une d’elles permet en plus le gain d’une pièce :

En gagnant un temps, les Noirs en ont profité pour éliminer la Dame blanche, défenseur du Fd8 qu’ils finissent par prendre : une technique particulièrement prisée !

3)   Agir sur la cible

Nous avons déjà vu que la fuite était un moyen de couper court à une attaque. Voici un autre moyen de parer une attaque en agissant sur la cible, sans doute un des plus courants, hors situation d’échec au Roi.       

Exemple 5.4 : défendre la cible

Le principe est simple : « si tu te rends sur la case cible, je prends ton attaquant ». Il s’agit donc de faire en sorte qu’une pièce ou un pion puisse reprendre la pièce ou le pion qui se rendrait sur la case cible. On dit alors que l’on « défend » la case cible. Cela n’empêche pas l’attaquant de s’y rendre, mais il le fait à ses risques et périls. Voici un exemple tiré d’une ouverture classique connue sous le nom de « partie russe » :

Sur le coup 1. Dd1-e2, le Cavalier noir est attaqué. Il pourrait évidemment fuir en f6, mais une autre possibilité est sa défense par le coup :

Le marché est le suivant : « D’accord, tu peux prendre mon Cavalier avec ta Dame. Mais alors je prendrai à mon tour ta Dame avec mon pion » et ce coup de défense est évidemment dissuasif car ici, la Dame est bien plus précieuse qu’un Cavalier.

Le point sur l’analyse fractale

Notre vision de la structure de base de l’analyse tactique se précise maintenant dans le schéma : attaquant – mouvement – cible. Nous découvrons également que le mouvement présente deux aspects que sont le temps et l’espace, qui contribuent à sa réalisation.

L’idée que nous allons explorer par la suite est de voir s’il y a dans l’analyse d’une position d’autres aspects à prendre en compte, autres que le schéma « attaquant – mouvement – cible », que ce soit en vue de l’attaque ou de sa parade.

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