18. User du sacrifice

Il arrive que le camp de la défense choisisse de parer une attaque en éliminant la pièce qui attaque ou, tout au moins, en menaçant de le faire.
Dans ce cas, le camp qui attaque peut chercher à neutraliser en amont cette élimination.
L’autre possibilité est d’accepter la prise pour réagir ensuite par une contre-attaque. Cette dernière option, souvent surprenante, est l’essence même de la notion de sacrifice aux échecs.

Exemple 18.1 : préparer le terrain

Dans la position ci-contre, les Blancs visent une double attaque du Cavalier en f8, menaçant le Roi et la Tour avec gain de la qualité.

De leur côté, les Noirs ont pensé parer la menace en contrôlant la case f8 avec la Dd6.
Nous nous retrouvons alors face à une situation déjà connue de pièce empêchée : la Dame noire, missionnée à la défense de f8, devient l’ « homme à abattre » pour les Blancs, qui vont trouver une manière astucieuse d’en venir à bout.

Par 1. Dxd7, les Blancs forcent la Dame noire à abandonner sa mission, au prix de son propre sacrifice contre une Tour. Suit donc 1. … Dxd7 et maintenant que la voie est libre, 2. Cf8+ etc qui récupère la Dame avec bénéfice.

L’art du sacrifice

Quand une pièce effectue une attaque en se plaçant sur une case où elle se fait capturer par une pièce adverse, on pourrait penser à une erreur… Pourtant, ce sacrifice attire la pièce qui prend sur, ou hors d’une case précise. Et cette « attraction / déviation » est souvent le prélude à une jolie combinaison gagnante.

En d’autres mots, l’idée est qu’au lieu de neutraliser la parade consistant à prendre la pièce qui attaque, on laisse faire la prise mais on exploite à notre avantage la situation qui en résulte et dont on aura au préalable mis en place les mécanismes.

Exemple 18.2 : sacrifice d’attraction dans un réseau de mat

Dans la position ci-contre, les Blancs ont paré la menace de mat en g2 en jouant le Cavalier en f4. Mais le jeu des Noirs n’a pas encore livré toutes ses ressources et il suit un joli sacrifice :
1. F×f2+  R×f2
2. De3  mat

En reprenant le Fou en f2, ce qui est d’ailleurs la seule parade, le Roi blanc a été attiré sur une case où il pouvait être mis échec et mat. On parle dans ce cas de sacrifice d’attraction.

Voici un autre exemple d’utilisation du sacrifice.

Exemple 18.3 : sacrifice d’attraction sur une case « minée »

L’attaque double 1. … Fc3+ semble suicidaire. Pourtant, la prise du Fou attire la Dame blanche sur une case où elle est vulnérable. Il suit : 2. D×c3 D×e3 qui gagne.

Il est à noter que l’on pourrait aussi interpréter la situation en considérant que la Dame noire défend la case c3 « à travers » la Dame blanche, autorisant le Fou noir à s’y rendre pour perpétrer une « attaque double Royale » (Dame + Roi).

Voici un dernier exemple où le sacrifice d’attraction va permettre d’éloigner une pièce de son poste défensif :

Exemple 18.4 : sacrifice de déviation d’un défenseur

Après le sacrifice 1. D×e2, les Blancs ne peuvent reprendre du Roi à cause de Fc4 mat. Il suit donc 1. … T×e2 qui chasse la Tour blanche de la première rangée. Les Noirs continuent alors par :
2. Td1+ Te1 3. Fc4+ Rg1 4. T×e1 mat. Nous retrouvons ici le thème de l’interposition sur une ligne d’attaque : la Te1 chassée, l’attaque sur la première rangée redevient efficace.

Ce sacrifice permettant d’éloigner le défenseur de la première rangée porte le nom de sacrifice de déviation.

Le point sur l’analyse fractale

Lorsqu’une parade s’appuie sur l’élimination de l’attaquant, elle doit toujours le faire en usant du schéma fondamental attaquant-mouvement-cible, à ceci près que la cible est alors justement l’attaquant qu’il s’agit d’éliminer.

Dès lors, la neutralisation de cette parade peut bien sûr tenter d’empêcher cette élimination en s’en prenant à la pièce qui élimine – qui joue le rôle d’attaquant dans ce contexte -, en empêchant son mouvement ou en agissant sur la cible visée (par fuite, ou défense…) qui est ici la pièce menacée d’élimination.

Mais il est également possible de se servir de la position obtenue après l’élimination pour construire une contre-attaque qui exploite les particularités de cette position : c’est là l’essence des sacrifices d’attraction et de déviation.

Contrer l’élimination peut se faire en agissant sur la pièce qui élimine, son mouvement ou la cible qui est la pièce à éliminer.
Quand c’est la contre-attaque qui est utilisée, on parle de sacrifice.

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