11. Les types masqués

Il semble assez facile de déterminer le type d’une cible, qui est le nombre de fois où la cible est attaquée et (correctement) défendue. Par exemple, une cible ni attaquée ni défendue est simple, une cible attaquée une fois et défendue une fois est (complexe) de type 1 etc. Pourtant, certaines cibles ont parfois un type masqué, à savoir qui n’est pas celui qui apparaît en première analyse.

Rappelons qu’une cible attaquée qui n’est pas ou pas correctement défendue est parfois juste une occasion à saisir, tandis qu’une cible potentielle est plus défendue qu’elle n’est attaquée.

L’exemple suivant va maintenant nous montrer qu’il vaut mieux éviter de porter un jugement trop hâtif sur certaines situations. Examinons la position du diagramme :

Exemple 11.1 : la case f7 a un type masqué

Les Blancs sont au trait et le pion f7 semble être une cible de type 1.
Mais cette analyse est superficielle : en fait, le pion f7 n’est pas vraiment défendu par le Roi car si 1. F×f7 R×f7 suit alors 2. Db3+ suivi du mat. Le pion f7 n’est donc pas une cible mais juste une occasion à saisir et la partie peut continuer par : 1. F×f7+ Rh8.

Maintenant, une cible a disparu en f7 et une nouvelle cible est apparue : le Cg6.

Exemple 11.2 : quelle cible a un type masqué ?

Le Cg6 est attaqué par le Fou et défendu par le pion mais s’agit-il bien d’une cible de type 1 ? En fait, non car après : 2. F×g6, si jamais les Noirs répliquent par 2. h×g6 suit alors : 3. Dh3+ Rg8 4. De6+ Rh8 5. Te3 et les Noirs doivent faire de gros sacrifices pour éviter le mat sur la colonne h. Par exemple : 5… Dh4 6. Th3 D×h3 7. D×h3 et la situation noire est désespérée.

Ainsi, le Cg6 n’est pas vraiment défendu par le pion h7 tandis qu’il est attaqué par le Ff7. C’est mieux qu’une cible : une occasion à saisir, raison pour laquelle il constituait une cible de type masqué.

De nombreuses raisons peuvent faire qu’une défense apparente ne soit pas efficace et que la cible soit de type masqué. Et une tactique avisée peut même faire en sorte qu’une défense qui était efficace ne le soit plus… Voilà une idée sur laquelle nous reviendrons.

Le point sur l’analyse fractale

Nous pouvons maintenant analyser correctement les cibles complexes. En effet, la cible ne relève de cette appellation qu’à la seule condition que les schémas d’attaque/défense qui la concernent restent indépendants – au moins dans une certaine mesure – d’autres schémas, ailleurs sur l’échiquier.

Si tel n’est pas le cas, il nous faut prendre en compte ces autres schémas et la cible déchoit de son statut de cible complexe de type donné. Ces interactions « parasites » avec d’autres schémas peuvent être fortuites. Elles peuvent aussi être intentionnellement organisées par l’attaquant en vue d’accroître la pression sur la cible, ou par le défenseur afin de miner l’attaque.

Pour accentuer l’attaque sur la cible « C », on peut par exemple neutraliser le défenseur D2 en entravant son mouvement de contre-attaque m2 (flèche ondulée verte).
Pour renforcer la défense de « C », on peut contraindre l’attaquant A3 à s’impliquer dans la défense d’une autre cible (flèche rouge), etc.

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